« S’il y’a recomposition, il faudra discuter pour construire une plateforme de gouvernement. »

« S’il y’a recomposition, il faudra discuter pour construire une plateforme de gouvernement. »

INTERVIEW – Le Parisien – Pour le Jean-Christophe Lagarde, chef de l’UDI, un gouvernement de coalition est envisageable.

LIRE L’INTERVIEW SUR LE PARISIEN

Souscrivez-vous à la recomposition politique voulue par Emmanuel Macron ?

Jean-Christophe Lagarde. Nous avons toujours voulu en finir avec les oppositions factices. Désormais En Marche ! est un parti comme les autres. Il cherche à avoir tout le pouvoir : c’est le principal danger des législatives. Le pouvoir absolu donné à un seul homme à travers une majorité absolue à l’Assemblée nationale est la pire illusion française, qui a toujours abouti aux désillusions. On a donné le pouvoir absolu à Chirac en 2002, à Sarkozy en 2007, à Hollande en 2012. Si les Français font ce choix avec En Marche ! on connaîtra le même échec : quand un pouvoir est absolu il se trompe absolument, disait Bayrou !

Pourriez-vous travailler avec le nouveau chef de l’Etat ?

Oui. Mais sommes-nous pour autant macronistes ? Non. On ne va pas créer l’illusion d’un parti unique.

Comment ? au coup par coup, ou par un contrat de gouvernement ?

Il y a trois cas de figure possibles. Premièrement, les Français confient la majorité à l’UDI et aux Républicains. Pas question alors de faire la guerre au président : il est suffisamment libéral pour qu’on puisse trouver des terrains d’entente et que ça se passe bien.

Une cohabitation douce ?

Non. La cohabitation, c’est quand un président a gouverné et qu’il a échoué. Emmanuel Macron n’a pas encore gouverné.

Et si Macron obtient une majorité absolue ?

Alors, les élus UDI voteront les textes qui leur paraîtront bons. Par exemple il aura notre soutien à 100 % sur l’Europe ou sur l’égalité des Français devant la retraite.

Et vous voteriez les ordonnances sur la réforme du travail ?

Pourquoi pas ? à une condition : que ces ordonnances soient coécrites avec les groupes parlementaires. Si c’est un passage en force, style 49.3, les députés UDI y seront opposés.

Troisième cas de figure : celui d’une majorité relative ?

Il faudrait bien alors discuter pour construire une plate-forme de gouvernement rassemblant toutes les idées que l’on partage, et arbitrer les autres. C’est la seule solution qui n’a jamais été essayée dans notre pays.

Une coalition à l’allemande ?

Oui, si les Français le choisissent. En Allemagne, Schröder et Merkel se sont trouvés dans la situation où il n’y avait pas de majorité. Ils n’ont pas fui leur responsabilité, et nous ne la fuirons pas non plus. On ne va pas laisser le pays sans gouvernement, sans reconstruction du marché du travail, de l’Education nationale, de la sécurité collective, de l’autorité de l’Etat… Ce n’est pas parce qu’on n’a pas la culture d’une telle solution qu’on n’en est pas capables.

Quels désaccords resteraient alors à arbitrer ?

Sur la CSG, nous avons un désaccord total. Le dispositif que prévoit Macron, c’est 21 Mds€ de taxes qui vont pénaliser les fonctionnaires, les retraités et les professions indépendantes. Les législatives donnent à ces 18 millions de Français l’occasion de se défendre !

Vous participeriez à un accord de gouvernement si LR n’y est pas ?

Le choix de l’UDI se fera de façon indépendante, en fonction de notre projet. Nous sommes en alliance avec LR, pas en dépendance ni en soumission.

Que pensez-vous du gouvernement d’Edouard Philippe ?

Edouard Philippe est un homme respectable. Le gouvernement a un aspect positif, il est très marqué proeuropéen et il faut reconstruire l’Europe. Et il y a une personnalité exceptionnelle, c’est le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

Vous avez été victime d’un malaise cette semaine, comment allez-vous ?

C’est une alerte dont je dois tenir compte. Rien de grave, mais il faut que j’apprenne que je n’ai plus 20 ans !